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SOUNDTRACK 

ANALYSIS

THE SHAWSHANK

REDEMPTION

PAR QUENTIN BILLARD

Shawshank Redemption

Epic Soundtrax 478332 2

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COLUMBIA PICTURES

Frank Darabont semble se spécialiser dans l'adaptation d'histoires signées Stephen King. Après le téléfilm d'horreur 'The Woman In The Room' (1983) et deux autres téléfilms mineurs, Darabont signa en 1994 le superbe 'Shawshank Redemption', plus connu sous le nom de 'Les évadés' avec un duo d'acteurs superbe: Tim Robbins et Morgan Freeman. L'histoire est celle de Andy Dufresne (Robbins), un banquier injustement accusé du meurtre de sa femme et de son amant et envoyé à la prison de Shawshank en 1947 pour y purger deux peines à vie. Il formera une amitié solide avec l'un des détenus, Red (Freeman), un homme qui l'aidera beaucoup sur le plan matériel dans ses premières années passées à Shawshank. Petit à petit, Dufresne va se montrer très différent des autres détenus. Calme, civique, sage, cultivé et intelligent, il va tenter d'apporter une touche d'humanité au sein de cette prison menée par un directeur cruel et corrompu. 'The Shawshank Redemption' est avant tout une belle leçon de vie sur l'idée de l'espoir et de la conviction qui peuvent être plus fort que tout, à l'image de la formidable envie de donner un sens à sa vie et que ressentira particulièrement Dufresne tout au long de ses nombreuses années qu'il passera dans cette prison. La phrase-clé du film est évidemment "dépêche toi de vivre ou dépêche toi de mourir". Ca se passe de commentaires!

 

Thomas Newman a écrit une BO typique de son style assez particulier: orchestral avec quelques instruments solistes et un piano ou des cordes qui donnent l'ambiance particulière du premier thème (appelé aussi 'Stoic Theme', thème de cordes assez calme et peu mémorisable mais qui représente Andy et son état d'esprit face à l'univers de la prison de Shawshank) bien avant que le thème final du 'End Title' n'apparaisse. Les premières impressions qui se dégagent de la musique font ressortir le fait que Newman a écrit comme d'habitude une musique subtile et tout en retenue qui n'essaie pas d'en faire des masses à l'écran et qui ne cherche pas à utiliser des thèmes facilement mémorisables.

Le tout est dans la subtilité. Des caractéristiques typiques de Newman se retrouvent dans ce score et notamment l'utilisation d'instruments très country (un violon fiddle très americana et une guitare dans 'May') dans une scène d'extérieur de la prison ('Workfield'), la pièce rappelant le futur 'The Horse Whisperer' ou bien encore des harmonies typiques de Newman dans le thème pour cordes et piano et qui rappelle clairement ce qu'écrira le compositeur dans un style fort similaire pour 'The Green Mile' (La Ligne Verte) aussi réalisé par Darabont (noter ce motif de piano dans 'Zihuatanejo'). Le motif des cordes du début lorsque l'on découvre le monde de la prison est glacial et assez carré.

 

Uniquement confié aux cordes, il évoque cette sensation inquiétante d'isolement et d'un univers régit par des règles très strictes. Les passages avec cordes/piano sont particulièrement représentatifs de ce style de morceau qu'écrit souvent Newman, des pièces en suspend, en latence, comme si sa musique donnait une impression d'attente, de calme résigné ou forcé flagrant dans 'New Fish' et surtout le touchant 'Brook Was Here', typique du style Newman (ce passage concerne la déprime du vieux Brook à sa sortie de prison et son suicide conséquent).

On notera aussi quelques touches de synthé et notamment l'utilisation originale et très remarquable de pizzicati de synthétiseur (un peu comme dans 'Die Hard' de Michael Kamen) qui donnent une couleur particulière à certains passages du film (le morceau 'Rock Hammer' ou bien dans 'Lovely Raquel') et l'on pense notamment à la scène des draps où l'on voit Red donner un paquet de cigarettes à un détenu.

Mais plus l'histoire progresse et plus Newman s'attache à évoquer après des moments assez sombres un espoir de plus en plus fort, l'espoir d'une rédemption, d'une évasion, d'un retour à la liberté.

 

C'est ainsi que Newman fait arriver progressivement son second thème jusqu'à lui donner sa forme finale dans le 'End Title', alors que le but de Andy est atteint: s'évader, retrouver la liberté, pouvoir enfin vivre comme il le sent. Alors que Red sort pour la première fort de prison après 50 ans passé à Shawshank,

Newman ressort dans 'Compass and Guns' le style déjà entendu pour la séquence concernant la déprime de Brook. Newman évoque avec finesse cette idée de ne plus avoir goût à la vie en liberté, la vie de tous les genres, une vie qui l'effraie parce que, comme Brook, il est devenu "institutionnalisé" dans l'univers de la prison.

Mais Red arrive enfin à donner un sens à sa vie hors de prison grâce à la promesse qu'il a tenu à Andy de retrouver un objet caché sous une pierre au pied d'un arbre dans une prairie puis de le rejoindre ensuite à son nouveau travail, loin, très loin de ce pays. 'So Was Red' évoque donc de manière très touchante ce retour à la liberté, ce renouveau poignant du goût de la vie, la rédemption d'un homme brisé par des années de prison, Newman mettant beaucoup plus en avant ici l'orchestre qui trouvera son point culminant dans le superbe 'End Title' qui permet d'offrir une touche d'émotion et d'espoir pour conclure le film.

En clair,
'The Shawshank Redemption', reste considéré comme un classique de Thomas Newman, crée le climat adéquat pour le film de Frank Darabont. Tout à fait typique du style particulier de ce compositeur, tout en finesse et en retenue, 'The Shawshank Redemption' est le style de BO subtile que l'on ne pourra pas forcément apprécier aux premières écoutes mais qui nécessitera des écoutes répétées et attentives qui permettront à l'auditeur de dégager toutes les subtilités de cette belle partition que l'on appréciera à condition d'aimer le style assez personnel de Thomas Newman, un compositeur qui rejette les conventions d'écriture des grosses productions hollywoodiennes (nous le prouve le choix des films qu'il a mit en musique depuis pas mal d'années déjà).
Un score subtil, minimaliste, tout en retenu et en finesse!

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Analyse réalisée par Quentin Billard (Goldenscore)

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