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SOUNDTRACK 

ANALYSIS

LITTLE

WOMEN

PAR QUENTIN BILLARD

Les Quatres filles du dr March

Sony Classical SK 66922

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COLUMBIA PICTURES

Grand classique de la littérature romantique du 19 ème siècle, ‘Little Women’ de Louis May Alcott (Les quatre filles du Dr. March) a été adapté à maints reprises au cinéma, que ce soit la toute première version de 1917, celle célèbre de George Cukor datant de 1933 avec Katharine Hepburn ou bien encore la version de 1949 réalisée par Mervyn LeRoy avec Janet Leigh et Elizabeth Taylor.

 

Le roman a même inspiré une série japonaise animée en 1981 et continue encore aujourd’hui d’être adapté régulièrement au cinéma ou à la télévision.

La version de Gilliam Armstrong datant de 1994 est une belle leçon de cinéma, un  film plaisant, raffiné respectueux du roman d’origine qui repose sur quelques magnifiques performances d’un quatuor de jeunes actrices talentueuses.

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L’histoire reste quand à elle inchangée : durant la guerre de sécession aux Etats-Unis, dans les années 1860, Jo (Winona Ryder), Meg (Trini Alvarado), Amy (Kirsten Dunst) et Beth (Claire Danes) vivent paisiblement avec leur mère Abigail March (Susan Saranadon) surnommée affectueusement ‘Marmee’, pendant que leur père est parti se battre sur le front. Le film suit le destin de ces quatre jeunes filles qui vont progressivement faire l’expérience de la vie, de l’amour et de la mort. Face à ce quatuor d’actrices inspiré, un Christian Bale lui aussi plein de vie et de fraîcheur, un Eric Stoltz un peu plus terne et un Gabriel Byrne plus inspiré.

Le film de Gillian Armstrong apporte toute la poésie et l’émotion propre au roman d’origine dans cette magnifique histoire intemporelle qui continue de traverser les générations avec une fraîcheur constante, une histoire somme toute universelle et poignante. On pourrait reprocher au film de Gillian Armstrong son côté excessivement académique et par moment larmoyant, mais c’est pour mieux traduire l’émotion originale du roman de Louisa May Alcott.

La musique symphonique signée Thomas Newman contribue largement à renforcer à son tour l’émotion du film. A l’instar de la réalisatrice, le compositeur signe une musique orchestrale académique, ample, raffinée et indéniablement romantique.

 

Dès l’ouverture du film, ‘Orchard House (Main Title)’ nous offre une ouverture ample et élégante, écrite pour cordes, vents et cuivres. Le morceau illustre à la fois l’aspect romantique du film par un thème de cordes majestueux et ample d’où se dégage une certaine émotion, avec une fanfare éclatante qui évoque de son côté une ambiance musicale typiquement américaine, en rapport avec l’imagerie musicale traditionnelle de l’époque de la guerre de sécession.

C’est ce côté très ‘americana’ qui se dégage ici de l’ouverture de ‘Little Women’, exposant donc les principales idées de la partition à la manière des grandes ouvertures de musique de film d’antan. Le côté académique transparaît donc ici aussi dans la musique, pour coller au plus près de l’ambiance générale du film. Dès lors, le ton est donné. ‘Meg’s Hair’ est très représentatif de la facette plus intime de la partition avec une très belle pièce pour cordes, vents et piano.

A noter cette façon dont Thomas Newman développe ici une mélodie de flûte légère et douce associée au personnage de Meg. Dans ‘Snowplay’, le compositeur évoque les moments heureux où les quatre filles jouent ensemble en se jetant des boules de neige. Newman utilise ici un motif de trompette plutôt léger et entraînant sur fond de pizzicati et de carillons, des orchestrations absolument typique du compositeur.

‘Scarlet Fever’ semble annoncer assez brusque un changement d’ambiance lorsque Beth tombe malade, touchée par la scarlatine.

La musique se veut ici plus grave et toujours aussi retenue. Idem pour ‘Ashes’ et son côté plus mélancolique avec des cordes poignantes. C’est l’époque du printemps dans ‘Spring’ où les cordes deviennent plus lyriques avec un thème secondaire plus majestueux s’apparentant à une sorte de valse pleine de grâce, lui aussi typique du compositeur.

Le thème de Spring est associé aux quatre filles March et évoque le temps qui passe et l’expérience de la vie.

A noter le classicisme d’écriture des cordes, renforçant le côté académique de la partition de ‘Little Women’. La musique continue avec le très dynamique ‘A Telegram’ dominé par une très belle partie de flûte soliste, ou le plus léger ‘Two Couples’ toujours dominé par ce ton intime, léger et retenu, la musique ne prenant jamais le pas sur les images du film tout en demeurant malgré tout très présente. A noter une très belle écriture de vents dans l’émouvant et romantique ‘Burdens’. Cette légèreté domine encore dans ‘New York’, lorsque Jo déménage pour partir chercher du travail à New York. On retrouve néanmoins ici une fanfare éclatante inspirée de celle de l’ouverture, pour accompagner les images illustrant la grandeur de cette ville immense et splendide à l’époque.

On retrouve ensuite la très belle mélodie de la valse de ‘Spring’ dans ‘Harvest Time’ qui évoque là aussi l’idée du temps qui passe, tandis que ‘Letter From Jo’ évoque un sentiment de nostalgie, de douceur, d’émotion.

La gravité du sombre
‘Limes’ est immédiatement tempérée par l’émotion et la tendresse du poignant ‘Beth’s Secret’ où les cordes deviennent plus restreintes. Idem pour ‘Learning to Forget’ qui utilise un petit groupe de cordes dialoguant avec un petit groupe de bois. Mais le sommet de l’émotion est atteint avec le magnifique ‘Valley of the Shadow’ où Thomas Newman nous livre l’un de ses plus beaux morceaux, débutant sur un très beau mélange pour cordes/vents enchaîné à un piano solo reprenant le thème principal tout en finesse lors du décès de Beth, succombant à la maladie.

 

A noter pour finir l’utilisation d’un chœur féminin qui achève de rendre le morceau bouleversant, d’une retenue profondément émouvante, une musique simple et pleine d’humilité, refusant les envolées lyriques hollywoodiennes et qui touche immédiatement le coeur de tous. On retrouve la mélodie légère de flûte de ‘Meg’s Hair’ dans ‘The Laurence Boy’ suivi du lyrique et romantique ‘Lovelornity’ qui évoque le passage des jeunes filles à l’âge adulte et au mariage.

 

Finalement, le film se conclut sur ‘Under The Umbrella (End Title)’ qui reprend le thème principal joué par la fanfare éclatante de l’ouverture, dans une coda toute en beauté, à la fois belle, majestueuse et élégante.

Vous l’aurez sans aucun doute compris, ‘Little Women’ a tout pour être un grand classique du genre. On y retrouve le style habituel de Newman (on pense ici à des musiques dramatiques/intimes comme 'The War', 'The Shawshank Redemption', 'How to Make an American Quilt' ou bien encore 'Meet Joe Black') qui joue sur la retenue et l’émotion avec un doigté rare.

Point d’envolées lyriques grandiloquentes ou de mièvrerie superflue ici, mais une musique remplie au contraire de de sobriété, de fraîcheur, d’humilité, traversée par une émotion constante et poignante.

La musique retranscrit parfaitement l’idée de l’expérience de la vie, de l’amour, de la joie et de la tristesse.

Avec ses deux thèmes mémorables et une écriture très académique/classique d’esprit, la musique de ‘Little Women’ fait sans aucun doute partie des plus belles partitions de Thomas Newman, qui nous livre une fois encore un score magnifique tout en beauté, auquel il paraît difficile de résister.

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Analyse réalisée par Quentin Billard (Goldenscore)

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