top of page
TN.jpg
logo-TN.png

UNOFFICIAL WEBSITE

SOUNDTRACK 

ANALYSIS

CIDERELLA

MAN

PAR QUENTIN BILLARD

Cinderella Man

Decca Records 988 1410 DH

cinderella-man.jpg
Cinderella Man .jpg

« Cinderella Man » (De l’ombre à la lumière) est un film biographique réalisé par Ron Howard et sorti en 2005. Il retrace l’histoire vraie de James J. Braddock (Russell Crowe), célèbre boxeur américain qui devint champion mondial poids lourd entre 1935 et 1937. Le film débute au tout début des années 30. Alors que l’Amérique vient d’entrer dans la Grande Dépression (consécutive au crash financier de 1929), Jim Braddock, ancien boxeur prometteur, perd sa licence de boxe à cause d’une série de défaites et de matchs décevants.

 

Dès lors, le boxeur déchu se voit contraint d’accepter n’importe quel job pour faire vivre sa femme Mae (Renée Zellweger) et ses trois enfants, Sarah, Mike et Howard. Mais les temps sont durs, et la famille Braddock vit désormais dans la précarité la plus totale. Mais un jour, Joe Gould (Paul Giamatti), l’ancien entraîneur de Jim, vient lui rendre visite et lui propose de remonter une nouvelle fois sur le ring pour combattre le deuxième challenger mondial, Corn Griffin (Art Binkowski), suite à une annulation de dernière minute de la part de son adversaire. L’issue du match est totalement stupéfiante : Braddock remporte la victoire au bout du troisième round. Dès lors, la chance est à nouveau de son côté, et Braddock se voit proposer de nouveaux matchs dans lesquels il multiplie les victoires, malgré ses blessures répétées à la main et son poids inférieur à celui de ses adversaires. Au fil des années, celui que la presse a surnommé le ‘Cinderella Man’ incarne désormais tous les espoirs de la nation. Et c’est en 1935 que Braddock livrera le match le plus décisif de toute sa carrière de boxeur, affrontant ainsi le champion mondial Max Baer (Craig Bierko), adversaire redoutable qui a déjà tué deux hommes sur le ring. « Cinderella Man » est un drame biographique porté avec force et conviction par Ron Howard, qui nous livre là un film maîtrisé et abouti, bien qu’un brin académique et tout à fait prévisible. Le long-métrage vaut surtout par son casting impeccable, largement dominé par Russell Crowe, qui s’approprie totalement son personnage de boxeur/père de famille prêt à tout pour sortir sa famille de la misère et redonner un nouveau départ à son existence. A ses côtés, Renée Zellweger est excellente en épouse aimante, tandis que le surdoué Paul Giamatti – qui interprète Joe Gould, l’entraîneur de Braddock - s’est vu nominer aux Academy Awards dans la catégorie meilleur second rôle. Certes, la mise en scène de Ron Howard reste impersonnelle et un brin académique, mais le film véhicule un message tellement fort et tellement émouvant qu’il paraît difficile de rester de marbre face à cette retranscription assez fidèle de l’histoire incroyable de Jim Braddock, symbolisant le rêve américain en pleine ère de la Grande Dépression des années 30. Le film vaut aussi par la force et le réalisme stupéfiant des scènes de boxe, l’intense combat final entre ‘Cinderella Man’ et Max Baer étant un grand moment de cinéma, capable de rivaliser avec n’importe quel round final de la saga « Rocky ». Malgré sa longueur (quasiment 2h30), on reste scotché du début jusqu’à la fin par la qualité de l’interprétation et par la conviction des scènes de boxe, un très bon film dans la lignée des « Rocky » ou de « Million Dollar Baby ».

Prévue à l’origine pour James Horner, la musique de « Cinderella Man » fut finalement confiée à Thomas Newman, qui signe là sa première participation à un film de Ron Howard. Newman compose pour « Cinderella Man » une partition lyrique, intime et mélancolique avec son style minimaliste habituel et ses musiciens solistes fétiches. On retrouve ainsi, en plus de l’orchestre symphonique habituel, George Doering aux guitares, mandoline, autoharpe, concertina, Michael Fisher aux percussions (bodhran), Steve Tavaglione (clarinette, EWI), Steve Kujala aux flûtes, Eric Rigler au whistle et à la cornemuse, Kathleen Keane au fiddle irlandais, Bill Bernstein à la vielle à roue, etc. La partition de Thomas Newman accompagne tout au long du film le parcours personnel de Jim Braddock, partagé entre son rôle de mari et père de famille et passion pour la boxe. Le thème principal, lyrique et poignant, est dévoilé au piano et aux cordes dans « The Inside Out », thème lyrique typique de Thomas Newman et qui illustre le parcours personnel et les valeurs que représente Braddock tout au long du récit. « Mae » reprend ce climat intime partagé ici aussi entre piano et cordes lyriques émouvantes qui rappelle le travail de Newman sur « Angels in America » ou « Meet Joe Black ». La musique change ensuite radicalement de visage dans « Change of Fortune », évoquant les mauvais jours pour la famille Braddock, plongé dans la misère durant la Grande Dépression des années 30. Newman utilise ici un ostinato entêtant de piano sur fond de tenues de cordes et de sonorités métalliques/synthétiques plus inquiétantes. La musique suggère clairement les difficultés et les conditions de vie difficiles d’une famille américaine ruinée, comme il y en eut tant d’autre à cette époque. Dans « Weehawken Ferry », Newman reprend ses sonorités métalliques frottées tandis que le piano, les bois et la guitare apportent un semblant de chaleur à une musique somme toute assez mélancolique mais non dénuée de rythme et d’énergie, comme s’il existait encore un espoir pour Braddock et sa famille. La musique conserve ici aussi une forme de minimalisme qui doit beaucoup au jeu des instruments solistes et des textures sonores crées par électronique, comme le rappelle l’inquiétant et quasi expérimental « Cold Meat Party », typique des recherches sonores du compositeur. « All Prayed Out » renforce ce climat de mélancolie lente et amère avec le piano, les cordes, la flûte et les tenues synthétiques.

La partition de Thomas Newman atteint son premier tournant dans « Corn Griffin », morceau entièrement rythmé par le bodhran irlandais de Michael Fisher sur fond de percussions diverses (gong martelé) et de cordes sombres et tendues. La musique s’avère être plus sombre et dramatique tout en rompant avec la retenue poignante des premiers morceaux, tandis que le très beau thème familial de cordes revient dans « Shoe Polish ». Autre tournant de la partition, l’excellent « Hope of the Irish », qui accompagne la scène où Braddock s’entraîne pour remonter à nouveau sur le ring. La scène de l’entraînement est entièrement rythmée par une musique aux allures de jig irlandaise, avec la vielle à roue, les guitares, la mandoline, la whistle, la cornemuse, le violon fiddle et les percussions celtiques. On retrouve ici des consonances celtiques/irlandaises rappelant les origines de Braddock mais suggérant aussi la détermination de celui qui incarne aujourd’hui l’espoir du peuple américain.

La scène des funérailles de l’ami de Braddock permet ensuite à Newman de nous offrir un morceau complexe et torturé, parsemé de dissonances et de sonorités sombres et latentes, l’inquiétant et expérimental « Hooverville Funeral ». La musique retrouve très vite son approche minimaliste des débuts dans l’émouvant « Fight Day », là aussi largement dominé par le jeu des solistes, tandis que « Pugilism » nous propose à contrario un style plus percussif à base de pizz martelés et de sonorités percussives diverses et inventives, typiques de Thomas Newman. Et c’est avec un certain plaisir que l’on retrouve le très beau thème familial dans « Bulldog of Bergen » qui rappelle beaucoup par moment le thème de « Road to Perdition » ou d’anciens thèmes lyriques écrits par Thomas Newman pour des drames de ce genre.

« Big Right » vous séduira peut être par son utilisation d’un pupitre de cuivres plus massif et solennel, suggérant l’accomplissement de Braddock sur le ring face à Max Baer. Enfin, le thème est repris dans toute sa splendeur dans le poignant « Cinderella Man », marquant la victoire personnelle de Jim Braddock, devenu un symbole d’espoir pour une Amérique sur le retour, capable de se relever de la crise qui l’accable depuis de nombreuses années déjà. Newman mélange ici les cordes et les cuivres pour un style plus solennel, emphatique et triomphant assez vibrant et intense, sans aucun doute l’un des plus beaux morceaux du score de « Cinderella Man ».

 

Vous l’aurez donc compris, c’est un Thomas Newman inspiré que l’on retrouve sur la musique de « Cinderella Man », un compositeur qui use certes de ses formules musicales habituelles, mais fait preuve néanmoins d’une certaine inventivité et d’un sens du lyrisme toujours aussi rafraîchissant.

La musique de Thomas Newman alterne ainsi entre morceaux minimalistes intimes très touchants et passages plus atmosphériques et inventifs utilisant quelques dissonances passagères ou des effets sonores (raclements métallique aigus, etc.) crées par le compositeur lui-même pour les besoins de cette très belle partition, qui apporte une vraie émotion au film de Ron Howard sans jamais en faire de trop !

​

Analyse réalisée par Quentin Billard (Goldenscore)

​

​

​

​

bottom of page