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SOUNDTRACK 

ANALYSIS

007

SPECTRE

PAR QUENTIN BILLARD

OO7 SPECTRE

Decca Records 002408402

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Avant dernier épisode très attendu de la saga 007 version Daniel Craig, « Spectre » boucle une série de films qui débuta en 2006 avec l’excellent « Casino Royale », suivi de « Quantum of Solace » (2008) et « Skyfall » (2012). 24ème épisode d’une franchise décidément increvable qui dure déjà depuis plus de 50 ans au cinéma, à nouveau confié à Sam Mendes, « Spectre » démarre peu de temps après les événements de « Skyfall ». L’histoire débute lors d’une mission périlleuse que mène Bond (Daniel Craig) à Mexico en pleine fête des morts. 007 affronte un groupe de terroriste et déjoue une menace d’attentat in extremis. Le problème, c’est que M (Ralph Fiennes) ne l’a jamais autorisé à mener de front cette mission, qui s’est soldé par de nombreux dégâts et un incident diplomatique avec le gouvernement mexicain.

 

Durant son combat contre le mystérieux Marco Sciarra (Alessandro Cremona), Bond a récupéré un anneau à motif de pieuvre qu’il portait à son doigt. De retour à Londres, 007 est relevé de ses fonctions, tandis que M doit lutter contre Max Denbigh alias C (Andrew Scott), le nouveau coordinateur des services de sécurité, qui projette de mettre fin au programme des agents double zéro, qu’il juge obsolète, au profit d’un vaste plan visant à fusionner le MI-5 et le MI-6 pour créer les Neuf Sentinelles, un accord de coopération des services de renseignements de neuf pays, ce qui offrirait un partage sans équivoque de tous les réseaux de renseignement d’une bonne partie du monde. Désobéissant aux ordres de M, Bond se rend à Rome pour y assister aux funérailles de Sciarra et y rencontre sa veuve, Lucia (Monica Bellucci). C’est ainsi que Bond découvre que Sciarra faisait partie d’une mystérieuse organisation liée à la bague que portait le terroriste. C’est l’heure des révélations pour 007, qui découvre que le mystérieux dirigeant de cette organisation baptisée « Spectre », Franz Oberhauser (Christoph Waltz), est une vieille connaissance surgie de son passé. Oberhauser est en réalité l’individu responsable de tous les malheurs de Bond depuis « Casino Royale » : tous les ennemis que 007 affronta au cours de ses dernières missions furent des hommes de l’organisation d’Oberhauser, qui cherche en réalité à assouvir une vengeance personnelle contre Bond et dominer les réseaux de renseignement du monde entier, avec la complicité de C. Grâce à un indice crucial, Bond se rend en Autriche et retrouve alors Mr. White (Jesper Christensen), l’ancien membre de Quantum qu’il avait traqué dans les précédents épisodes, victime d’un empoisonnement au thallium pour avoir trahi Spectre.

Avant de se suicider, Mr. White demande alors à 007 de retrouver et de protéger sa fille, le Dr. Madeleine Swann (Léa Seydoux), qui possède d’importantes informations pouvant le conduire tout droit à Oberhauser. Sauvant la vie à Madeleine à la clinique où elle travaille, Bond s’enfuit avec la jeune femme. Ils se lancent alors ensemble dans une traque effrénée contre Obserhauser – qui se fait désormais appeler Ernst Stavro Blofeld - et l’organisation Spectre.

Très attendu par les fans de la saga 007, et surtout après la réussite exceptionnelle de « Skyall » - probablement l’un des meilleurs films de toute la franchise - « Spectre » se devait de conclure en beauté une vaste histoire de conspiration terroriste mise en place avec « Casino Royale ». On sait que les quatre films étaient reliés par un ennemi commun, une mystérieuse organisation secrète dont on ne découvre finalement le nom et les origines que dans « Spectre ».

Pour Sam Mendes, la boucle est bouclée, et le scénario se doit ainsi de faire la lumière sur certains éléments inexpliqués des précédents films, et sur le mystérieux Mr. White, que l’on retrouve une dernière fois ici lors d’une ultime entrevue avec Bond en Autriche. Le script du film propose ainsi de faire toute la lumière sur cette affaire, et comme toujours lorsque le temps des révélations est arrivé, on est un peu troublé et déçu en même temps, car le film démystifie complètement tout l’aspect obscur des précédentes histoires et s’oriente finalement vers une banale histoire de vengeance personnelle peu inspirée, là où l’on était en droit d’attendre quelque chose de bien plus ambitieux et de bien plus terrifiant.

Thomas Newman retrouve alors Sam Mendes après « Skyfall », pour lequel le compositeur signe un nouveau score d’action dans la continuité de ce qu’il a déjà fait sur le film précédent.

Ainsi donc, aucune surprise particulière à la première écoute de l’oeuvre. Tous les éléments habituels sont représentés ici : les reprises du célèbre thème de James Bond de Monty Norman, les morceaux d’action aux percussions endiablées, les passages plus dramatiques, les montées de suspense, les moments plus intimes voire romantiques, etc. Dès le début du film, Newman instaure un climat tendu à l’aide d’une déferlante de percussions pour la scène introductive de la fête des morts à Mexico (« Los Muertos Vivos Estan »), accompagnées de variations autour du thème de James Bond, d’abord à la flûte alto, puis aux cordes. T

rès clairement, la tension est ici palpable, annonçant d’emblée la couleur tout en restant fidèle à l’univers sonore des 007. « Vauxhall Bridge » est plus typique du compositeur avec l’emploi d’éléments électroniques modernes et de certaines sonorités rappelant les anciens scores de Thomas Newman.

 

Ici aussi, on devine une tension palpable à chaque instant pour les événements à venir. Dans « The Eternal City », le compositeur crée la surprise en introduisant une partie chorale assez grandiose, durant la scène de la poursuite à Rome. Newman associe la ville italienne à un aspect religieux brillamment exploité pour la scène, sur fond de trémolos de mandolines, de cordes staccatos, de cuivres et de rythmiques électroniques. L’usage des choeurs apporte ici une certaine nouveauté et plonge le score dans une ambiance sombre et intrigante, à l’instar de cette histoire d’organisation secrète puissante qui cherche à gouverner le monde. A noter l’emploi des nappes synthétiques dans la seconde partie de « The Eternal City » qui contribuent là aussi à renforcer cette atmosphère sombre et obscure assez saisissante et de manière plus minimaliste.

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Pour finir, « The Eternal City » présente aussi l’un des nouveaux thèmes majeurs du score, un motif de quatre accords mystérieux associé à Spectre et Oberhauser/Blofeld dans le film. On entend les prémisses de ce thème vers 3:27, mais Newman choisit de le jouer de manière camouflée et incomplète, alors que l’identité de l’organisation et de son leader n’a pas encore été révélée à ce moment du film (durant la scène où Bond se rend aux funérailles de Sciarra et rencontre Lucia). « Donna Lucia » développe ensuite une ambiance plus mélancolique et intime pour la scène où Bond séduit la veuve de Sciarra pour parvenir à son but. On retrouve le style plus romantique et minimaliste de Newman avec ses harmonies de cordes raffinées d’une grande beauté.

« Backfire » est le premier grand morceau de bravoure du film, si l’on excepte le morceau d’action de l’ouverture, malheureusement non inclus sur le CD (il s’agissait en grande partie d’une musique reprise de « Skyfall » !). « Backfire » accompagne la poursuite en voitures sur les quais à Rome, morceau d’action trépidant durant lequel Thomas Newman tente de renouer avec le style des musiques d’action de David Arnold sur les anciens épisodes, à l’aide de cors massifs, de percussions, de rythmiques électroniques et de cordes survoltées. Le morceau est en partie basé sur un motif de cors de 7 notes reconnaissable à son groupe de 2 notes.

Les choeurs reviennent ici aussi pour évoquer Rome de manière grandiose et quasi épique, au détour d’un des plus beaux passages de la partition de « Spectre », et aussi l’un des plus excitants – dommage cependant que la partie rythmique soit très impersonnelle – On retombe ensuite dans de l’atmosphérique moins convaincant dans « Crows Klinik », pour lequel Newman renoue avec son style minimaliste qui lui est si cher, à l’aide d’une basse, de cordes, claviers, guitares, pian, etc. « Madeleine » introduit alors un Love Theme pour Bond et Madeleine dans le film. On y retrouve les flûtes ethniques habituelles du compositeur, avec ses cordes élégantes et suaves rappelant « Donna Lucia », avec cette douce mélancolie si propre à Newman.

Après quelques nappes sonores obscures de « Kite in a Hurricane », l’action reprend le dessus durant la poursuite en avion de « Snow Plane », dominé par une déferlante de percussions.
Plus intéressant encore, « Silver Wraith » présente enfin l’identité musicale de Spectre et Blofeld dans son intégralité, durant la scène où Bond et Madeleine arrivent à sa base secrète dans le désert après le milieu du film. Le thème apparaît alors clairement à 1:14, avec le retour de ces nappes sonores reconnaissables, cette fois-ci couplées à une basse synthétique, des vocalises orientales et des cordes mystérieuses, un morceau intrigant, développant cette atmosphère de conspiration si particulière dans « Spectre ». « A Reunion » marque ainsi les retrouvailles entre Bond et Blofeld avec une reprise de la thématique sonore de Spectre de manière plus étendue et menaçante. « Tempus Fugit » évoque ensuite la scène où Bond et Madeleine s’échappe du complexe de Blofeld après avoir tout fait exploser.

Le morceau reprend en fait un motif d’action de cordes de « Skyfall » que l’on reconnaît aisément ici, Newman assurant ainsi la continuité avec sa précédente partition (on l’entendait déjà durant le combat dans l’hélicoptère à Mexico au début du film). « Secret Room » et « Safe House » développent quand à eux un nouveau thème, une série de notes descendantes et courtes du piano, plus intime et mélancolique, associé à Madeleine dans le film. Là aussi, le thème est réussi mais ne laisse pas de souvenir particulier. La tension monte d’un cran dans « Careless » durant le dernier acte du film, débouchant sur l’excitant et percussif « Detonation » alors que Bond fonce sauver Madeleine dans l’immeuble truffé d’explosifs à la fin du film, la scène se concluant avec une superbe reprise frénétique du thème de Bond.

Et c’est la confrontation finale dans « Westminster Bridge » qui prolonge une dernière fois la nervosité de « Detonation », avec le retour d’un motif de cuivres ascendant entendu à plusieurs reprises dans le score et repris du score de « Skyfall » (et notamment du morceau « The Moors »). A vrai dire, une bonne partie de « Westminster Bridge » est un réarrangement de « The Moors » sans grande originalité particulière, mais qui sied parfaitement à la tension de la scène où Bond abat l’hélicoptère de Blofeld qui tente alors de s’échapper. Le thème de piano de Madeleine revient ainsi une dernière fois dans « Out of Bullets », apportant un sentiment de soulagement et de paix retrouvée à la toute fin du film, Bond choisissant clairement son camp au moment où il pointe son arme sur Blofeld au sol. Enfin, « Spectre (End Titles) » se propose de développer essentiellement pour le générique de fin du film la thématique de Spectre et Blofeld avec une partie électronique plus présente, suivi d’autres éléments du score.

 

Analyse réalisée par Quentin Billard  

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